C’est jaune, c’est moche et ça peut vous pourrir la vie…
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Catégorie : Global
Thèmes : AntifascismeEconomieExclusion/précarité/chômageLogement/squatLuttes étudiantes/lycéennesLuttes salarialesMouvementTransports gratuits
« On bloque tout » ? On rit jaune…
Si le terme de « blocage » semble clair pour quiconque a une fois dans sa vie participé de près ou de loin à un mouvement social, dans le cas présent il revêt un aspect pour le moins singulier, notamment en raison de sa date de mise en application : le samedi. Que peut-on espérer concrètement d’un blocage un jour de fermeture de la plupart des entreprises ? Voilà la question qu’on peut se poser en premier lieu. Contre qui espère-t-on imposer un rapport de force si l’on décide d’être le moins nuisible possible pour les patrons ? D’autant plus que l’on voit fleurir parmi les consignes de certains évènements des messages du type « laisser passer ceux qui travaillent », etc.
Ces modalités d’action n’ont rien d’inédit : elles sont courantes chez les groupements politiques droitiers, les syndicats corporatistes, les petits commerçants défendant la liberté d’exploiter… Dupont-Aignan a plusieurs fois lancé des actions de « blocage » auprès de stations de péage autoroutiers, même chose pour les Bonnets rouges. À chaque fois fut posé en règle de base le respect de la « liberté de travailler » justifiant la date et permettant de créer la distinction à faire avec les mouvements sociaux ; à chaque fois ces actions furent qualifiées d’un prétendu « spontanéisme populaire des gens des périphéries », qui trouveraient par ce biais les moyens de « se faire entendre ». Le « blocage » des gilets jaunes n’en est pas un : il n’a pas pour objectif de perturber l’économie, de mettre en difficulté le patronat, ni de libérer du temps pour s’organiser, mais uniquement de rendre visible une « colère » censée être « apolitique ».
Le mouvement des gilets jaunes tiendrait également sa spécificité d’une forme d’organisation éclatée « jamais vue ». Il se structurerait informellement autour de Facebook, sans chef identifiable. On tient là le nœud du problème, puisqu’à vouloir prendre pour vérité le miroir déformant d’Internet, on passe à côté des éléments les plus importants d’analyse. Tout d’abord, il est faux de considérer que ce mouvement est un tant soit peu horizontal ou sans chef, c’est un effet de complète dispersion des mots d’ordres qui procure cette impression. Même Libération nous le rappelle : « Dans ces mouvements grassroots venus d’Internet, le chef, c’est l’admin de la page Facebook. Rien de plus. » [1] Et tant pis pour les espaces de discussion politiques ou stratégiques, place aux nouvelles formes d’organisation 2.0 !
En ce qui concerne les gilets jaunes rennais, par exemple, leur espace d’organisation hors Facebook a consisté en tout et pour tout en deux réunions pendant lesquelles les organisateurs de l’événement ont donnés leurs ordres à une petite trentaine de personnes, présentant de longues consignes de sécurité et montrant manifestement que tout était déjà préparé avant la réunion, qui ne servait qu’à galvaniser les troupes (« Vous pouvez applaudir ! »). Pour le fond politique, ils se sont contenté de répéter vaguement le plus petit dénominateur commun entre les membres de leur public, « Marre des taxes ! », et d’insister au final sur le caractère apolitique de la démarche : « C’est un mouvement citoyen » et autres « Si on voit des banderoles, on les arrache ! ». Pour les modes de mobilisation horizontaux et révolutionnaires, on repassera…
La « France périphérique » s’en va-t-en guerre
La construction d’un rapport de force contre l’État, via la revendication antifiscale, pour une question de baisse des prix de l’essence n’est pas anodine. Il trouve son sens dans un regroupement populaire formé par la poursuite d’intérêts communs ? Mais ceux-ci s’appuient sur une structuration sociale opposant le « peuple de France » (qui regroupe pêle-mêle entrepreneurs, cadres, commerçants, ouvriers, retraités et employés, en bon ordre interclassiste, et sans distinction de positions politiques bien sûr, on est pas là pour ça) aux élites urbaines coupées des problématiques populaires. En effet le « peuple » conceptuel pointe invariablement son nez quand le rapport de classe passe en arrière-plan.
Le flou qui en résulte s’exprime aussi notamment dans des référence historiques aux contours douteux, évoquant « le monarque contre la plèbe », les révoltes paysannes sous l’ancien Régime et ainsi de suite. Se sentir obligé d’aller chercher des références datées de plusieurs siècles pour expliquer la source d’un conflit de 2018 laisse songeur. Sans même s’en rendre compte, la plupart des dernières analyses du « mouvement des gilets jaunes », posent comme acquise l’existence d’un « peuple des périphéries » (groupement de bon sens autour d’un « ras le bol de Macron », et du rejet du mouvement social) qui s’oppose aux « bobos des villes » et aux décideurs.
C’est exactement le schéma de société théorisé et défendu par l’extrême droite, notamment parce qu’il porte en lui la refonte des questions de classes autour de concepts presque exclusivement territoriaux. Ainsi, le monde fonctionnerait autour des salauds « bobos », habitants des villes, ennemis jurés de l’essence, en rupture décadente avec le « passé » du bon peuple de France. Pour sauvegarder ce schéma de société, une barrière morale est érigée autour de la figure du « pauvre de campagne », qui a la vie dure non pas a cause de son patron qui ne le paye pas suffisamment pour qu’il puisse se rendre sur son lieu de travail, mais à cause des taxes, et d’un ennemi aux contours flous, aux allures complotistes.
La barrière morale se dresse alors spontanément face à quiconque mettrait en doute le bien fondé de ce genre de définition du « peuple », lui opposant par exemple la société de classes. Critiquer les gilets jaunes relèverait du mépris des « gens de la ville ». Critiquer des gens qui déclarent que « les mouvements sociaux ne servent à rien » serait du mépris. Le texte publié par Nantes Révoltée [2] à propos de cet événement du 17 Novembre affuble les grèves récentes de l’adjectif « inutile ». Ceux-là même qui participent activement au mouvement social oublient donc ce qui cimente son organisation : la prise de décision et l’action collective pour défendre nos intérêts de classe.
Bonnets rouges et gilets jaunes : l’extrême droite reprend des couleurs
La question brûle toutes les lèvres : y a-t-il des membres d’extrême droite dans les gilets jaunes ? Si oui, prouvez-le avec des noms et des CV ! À l’heure des Le Pen en tête des intentions de vote, des Bolsonaro, Trump, Salvini… il paraît bien dérisoire de chercher à satisfaire ce genre de demande de justifications pour qualifier un phénomène qui en fait porte en lui-même la structure d’un mouvement d’extrême droite. Face à un tel évènement, on se doit d’analyser les rouages idéologiques du discours et des modes d’action, les formes collectives à l’œuvre si elles existent, et d’éviter les logiques de traques individuelles, qui ne permettent pas à elles seules d’expliquer les succès de l’extrême droite. D’autant plus que les justifications, lorsqu’elles sont fournies (ce qui dans le cas présent est chose facile), sont systématiquement rediscutées : tant qu’on ne trouvera pas Adolf Hitler administrateur de l’évènement parisien du 17 novembre, on ne pourra probablement rien « prouver ».
La seule analyse intéressante à produire concerne la nature du mouvement, et les effets qui se produiront à l’intérieur même de sa réalisation politique. Et la principale menace que porte le mouvement des gilets jaunes est bien ici : il a toutes les caractéristiques du terreau idéal qui va permettre à l’extrême droite de se structurer. Ce fut le cas lors de la Manif Pour Tous, mais aussi lors du mouvement des Bonnets rouges.
Il est important d’opérer ici un bref rappel de l’affaire des Bonnets rouges, tant les similitudes avec les gilets jaunes sautent aux yeux. Les Bonnets rouges apparurent en 2013, dans un contexte de luttes sociales au sein de plusieurs industries emblématiques de la région. Dès le début, le mouvement semblait échapper au schéma classique et regroupait des patrons locaux, des salariés, certaines branches d’agriculteurs et de routiers. Les mots d’ordre et attentes étaient on ne peut plus disparates, allant de l’assouplissement du droit du travail à l’abattement des portiques écotaxe, en passant par diverses revendications issues du nationalisme bretonnant. Toute l’affaire tenait alors d’elle-même grâce à la composition théorique d’une « nature bretonne » des individus. La faiblesse de la chose prête à sourire, quand on pense que la plupart des arguments qui se sont posés sur le sujet avaient trait à des attributs vestimentaires folkloriques ou des labels régionalistes sur des boites de pâté. Qu’importe, ce fut ce qui permis aux ouvriers d’aller main dans la main avec leur patrons assister à l’abattage de portiques à « taxe écolo ». Le « peuple breton » avait trouvé sa définition : rien à faire avec le mouvement social, c’est une question de vêtements et de bouffe.
Déjà à l’époque, une partie des participants habituels des mouvements sociaux, affamés de victoires et de court-termisme, dans une telle période de disette, se posèrent en soutiens inconditionnels des Bonnets rouges, y voyant là aussi un soulèvement populaire duquel jaillirai peut-être la lumière révolutionnaire. Au bout du compte, les Bonnets rouges stoppèrent leur activités une fois que les revendications patronales furent acceptées (entre autres choses, l’abandon de l’écotaxe et des règles spécifiques à contour régional d’application de la législation du droit du travail). Les procès qui eurent lieu mirent en lumière une extrême droite régénérée, capable de s’organiser sur le terrain avec les patrons et les agriculteurs pour démonter les portails, capable d’attaquer des squats [3]… Bref, une extrême droite infiniment plus organisée et conséquente que celle qui perdure au travers de pitoyables fêtes privées moyenâgeuses d’hommage aux collabos nationalistes bretons. Les traits communs aux deux « mouvements » sont d’ailleurs si édifiants qu’en Bretagne on retrouve affichée au sein des gilets jaunes naissants la revendication de sa filiation formelle avec les Bonnets rouges. Mieux encore, on retrouve des Bonnets rouges « têtes de gondole » aux commandes des gilets jaunes.
Cet épisode aurait du servir de leçon, et ouvrir le débat sur les différentes natures des mouvements politiques, mettre par exemple en lumière les raisons qui font que lorsqu’on lutte contre le patronat, on ne se retrouve pas avec des bandes de nazis autogénérées par le mouvement en tant que tel. Ce ne fut manifestement pas le cas, et on le paye aujourd’hui en constatant l’incapacité de certains d’anticiper les effets politiques qui vont être produits par les gilets jaunes.
Les périodes d’intenses bouillonnements politiques sont les meilleurs terrains d’élaboration pour les groupes politiques actifs. Les manifs fournissent les cadres d’organisation, permettant la rencontre des individus, leurs rapprochement autour de projets concrets communs, la libération de temps et le poids numérique, toutes ces choses qui existent si peu dans les périodes hors-mouvement. On le sait bien, puisque c’est aussi à tout ça que servent les grèves par exemple. Donc, plutôt que chercher à prouver la « récupération » d’un mouvement naissant par des pontes et/ou épouvantails d’extrême droite, préparons-nous à voir se rejouer l’accomplissement logique d’un pseudo-mouvement, qui par sa nature, va être formateur pour l’extrême droite, ce qui est le pire scénario qu’on puisse envisager.
La politique de la défaite : adieu lutte des classes, bonjour « peuple en colère »
Tout de même un minimum conscients de mettre le doigt dans un engrenage douteux, des commentateurs tels que Nantes Révoltée mettent judicieusement en garde contre la tentation d’endosser un gilet jaune « sans esprit critique », quand d’autres comme Rouen dans la rue concèdent prudemment que ce « mouvement » est « confus ». Quel degré de cécité volontaire est nécessaire pour être si complaisant envers un mouvement dans lequel on identifie clairement la marque de l’extrême droite ? Il n’y a là aucune naïveté : les divers articles sur le sujet ne manquent pas de dresser la comparaison avec des mobilisations effectivement assez similaires ; les Bonnets rouges, bien sûr, mais aussi le “Jour de colère” ou encore le mouvement Poujade dans les années 50, en somme des épisodes lors desquels l’extrême droite s’est trouvée particulièrement forte et mobilisatrice. La question saute aux yeux : mais qu’irions-nous faire dans cette galère ?
À en croire les articles en question, il se passerait pourtant quelque chose d’intéressant, quelque chose qui serait plus prometteur que les grèves « inutiles » des mouvements sociaux des dernières années. Dans un retournement assez stupéfiant, on en vient même à prétendre que ces gilets jaunes ont déjà presque accompli davantage que le camp du mouvement social depuis 10 ans, alors que rappelons-le, cet événement n’a pas encore eu lieu, et ne peut assurément pas prétendre à la dénomination de « mouvement ».
On touche là le nœud du problème : un opportunisme à peine dissimulé, motivé par la défaite, qui serait prêt à se ranger derrière les mots d’ordre les plus flous et les mobilisations les plus réactionnaires, pourvu que ça bouge, qu’il se passe quelque chose. Quitte, pour cela, à mettre en concurrence les « gilets jaunes » apolitiques, interclassistes et antigrève d’un côté, et de l’autre les syndicats qui ont encore la prétention minimale de se battre face au patronat, et affirmer que les premiers sont en passe de gagner là où les seconds ont échoué. Gagner quoi, pour qui ? Comme on l’a rappelé, le mouvement Bonnets rouges, en plus de structurer l’extrême droite bretonne, a abouti sur la satisfaction des revendications patronales ; encore une grande victoire pour le prolétariat…
C’est cette focalisation sur l’échec du mouvement social qui conduit tant de monde à trouver un quelconque intérêt dans un faux blocage économique, appelé par des chefs auto-désignés, aux côtés de patrons et d’entrepreneurs. Historiquement, l’extrême droite a souvent existé sur un mode concurrentiel au camp révolutionnaire bien qu’elle se présente souvent (d’autant plus lorsque la période n’est pas à son avantage) sous le masque de l’apolitisme : il s’agit d’une option politique qui peut être prise par des prolétaires à la place de la lutte des classes, lorsqu’ils estiment que celle-ci a échoué ou ne présente plus d’intérêt.
C’est donc dans les moments de défaite de notre camp que l’extrême droite fait son beurre, agrégeant des « colères » structurées dans une lecture populiste, qui aurait la prétention de nous allier au patronat honnête contre les « élites corrompues ». Dans un tel contexte, même si l’action et le rôle des syndicats est évidemment critiquable et dépassable, s’attaquer aux modes d’action habituels des mouvements sociaux, les taxer d’inutilité et regarder avec bienveillance la naissance d’un mouvement qui a pour ambition de jeter aux oubliettes la lutte des classes, ce n’est décidément pas se placer du côté des prolétaires ni adopter une perspective révolutionnaire ou émancipatrice.
Défense Collective
defensecollective.noblogs.org
[2]: https://nantes.indymedia.org/articles/43450
[3]: Entre fin avril et mai 2015, une campagne anti-squat est menée conjointement par des journalistes de Ouest-France et des militants d’extrême-droite locaux et nationaux, construisant de toute pièce le scénario d’une petite vieille simple et honnête expulsée de son logement par des « gauchistes marginaux ». Cette campagne, dont des rassemblements de fascistes devant la maison occupée, et le battage médiatique qui en a résulté, est venu alimenter un projet de loi visant les squats et les occupations en général, dont une partie de l’esprit du texte se retrouve dans l’actuelle loi ELAN. Une recherche rapide sur internet autour de cette « affaire Maryvonne » permet d’en savoir plus, on pourra notamment se reporter au dossier du Collectif Antifasciste Rennais sorti à l’époque: http://www.antifabzh.lautre.net/roazhon/2015/05/dossier-laffaire-maryvonne-thamin-quand-les-fascistes-sen-prennent-aux-squatters/
sans prévoir le turfu, des “déçu-e-s” de ce “mouvement-truc gilet jaune” pourront chercher des réponses et des pistes de réflexion dans indymedia, infokiosques etc … ouvrons des pistes, montrons des voies
Au delà de toutes les analyses, juste les citoyen-nes se bougent pour défendre l’essence et la bagnole. Y’a pas à chercher plus loin.
Les 40 000 migrant-es noyé-es en méditérannée, la loi ELAN tout ça on s’en fout, l’important c’est la bagnole. Point.
– “L’idéologie sociale de la bagnole”, par André Gorz
Texte publié dans la revue “Le Sauvage” en septembre-octobre 1973, mais d’une actualité étonnante quant à la place de la bagnole dans nos vies et dans nos villes.
https://infokiosques.net/spip.php?article346
Pour les galérien.ne.s du diesel y a aussi ça:
– “Friteuse Magazine – Spécial Filtration, trois recettes faciles”, par les Ateliers permanents
Cette petite brochure sur des restitutions d’expériences sur la filtration des huiles végétales recyclées n’est pas exhaustive.
Elle représente quelques techniques simples et efficaces qui ont fait leurs preuves.
https://infokiosques.net/spip.php?article607
http://www.entropia-la-revue.org/
https://fr.wikipedia.org/wiki/Pic_p%C3%A9trolier
http://www.ladecroissance.net/
https://infokiosques.net/spip.php?article346 – L’idéologie sociale de la bagnole
Texte publié dans la revue Le Sauvage en septembre-octobre 1973, mais d’une actualité étonnante quant à la place de la bagnole dans nos vies et dans nos villes.
https://infokiosques.net/spip.php?article966 – La planète malade
La « pollution » est aujourd’hui à la mode, exactement de la même manière que la révolution : elle s’empare de toute la vie de la société, et elle est représentée illusoirement dans le spectacle. Elle est bavardage assommant dans une pléthore d’écrits et de discours erronés et mystificateurs, et elle prend tout le monde à la gorge dans les faits. Elle s’expose partout en tant qu’idéologie, et elle gagne du terrain en tant que processus réel.
Guy Debord, 1971.
https://infokiosques.net/spip.php?article941 – Relevé provisoire de nos griefs contre le despotisme de la vitesse à l’occasion de l’extension des lignes du TGV
« Nombre d’arguments sensibles autrefois utilisés contre les premiers trains peuvent l’être aujourd’hui, à bien meilleur escient encore, contre le TGV. D’autant plus que son implantation ne comporte cette fois aucune contrepartie ; au contraire, elle contribue à un nouvel enclavement de régions entières, à la désertification de ce qu’il reste de campagne, à l’appauvrissement de la vie sociale. Et ce n’est pas dans la classe dominante, où tout le monde désormais travaille d’arrache-pied et joue des coudes pour rester dans la course économique, que l’on se risquera à juger tout cela à partir de goûts personnels, sans parler d’avancer quelque vérité historique que ce soit. Il faut donc qu’à l’autre pôle de la société des individus que ne presse aucun intérêt carriériste d’aucune sorte, pas même en tant que “contre-experts” ou opposants officiels, se chargent d’énoncer toutes les bonnes raisons, tant subjectives qu’objectives, de s’opposer à cette nouvelle accélération de la déraison. L’alliance qu’ils ont formée pour publier ce texte aura sans aucun doute d’autres occasions de se manifester et de s’étendre. »
Alliance pour l’opposition à toutes les nuisances, 1991
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https://infokiosques.net/spip.php?article655 – Le Grenelle et son environnement
Notes sur l’écologisme d’État et le capitalisme vert
Si l’on critique le Grenelle de l’environnement aujourd’hui ou que l’on se bat contre les THT, par exemple, c’est pour tenter de soulever un peu, avec nos peu de forces et sans trop d’illusions, toute la merde qui est derrière. Nous prenons la peine et le temps de nous arrêter sur ce Grenelle du conditionnement alors qu’il est déjà loin dans l’actualité médiatique car nous refusons tout ce qu’il porte de résignation, de mensonge, de séparation et, déjà, de matraque. Parce qu’il va nous être décliné dans les prochaines années, pour les autres questions séparées qui constituent les agendas des techniciens du pouvoir : Grenelle du logement, Grenelle de la précarité, Grenelle des banlieues, Grenelle de l’insertion… Parce ce qu’il sanctionne la mise en place de formes de despotisme aggravé, à l’échelle mondiale, justifiées comme toujours par la protection que l’État est censé apporter aux individus en échange de leur subordination.
https://infokiosques.net/spip.php?article611 – Le Mythe du Progrès
Supposons que nous sommes sur un train du progrès, roulant en avant toute selon la méthode approuvée, alimenté par la croissance rapace et l’épuisement des ressources et encouragé par des économistes grassement récompensés. Et si nous découvrons alors que nous nous dirigeons vers le désastre certain d’une chute brutale à seulement quelques kilomètres de la fin des rails, devant un gouffre infranchissable ? Accepterons nous le conseil des économistes de mettre plus de carburant dans les moteurs pour continuer à une vitesse toujours plus élevée, probablement dans l’espoir de produire une pression assez forte pour nous faire atterrir sans danger de l’autre côté du gouffre ; ou nous précipiterons nous sur les freins pour stopper le train aussi rapidement que possible en faisant grincer les roues et tomber les bagages ?
Le progrès est le mythe qui nous assure que “en avant toute” n’a jamais tort. L’écologie est la discipline qui nous enseigne que c’est un désastre.
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https://infokiosques.net/spip.php?article395 – Énergie et équité
« Une vitesse élevée capitalise le temps de quelques-uns à d’énormes taux, mais paradoxalement cela coûte un énorme prix à ceux dont le temps est jugé beaucoup moins précieux ».
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https://infokiosques.net/spip.php?article377 – Adresse à tous ceux qui ne veulent pas gérer les nuisances mais les supprimer
“On nous dira – on nous dit déjà – qu’il est de toute façon impossible de supprimer complètement les nuisances, et que par exemple les déchets nucléaires sont là pour une espèce d’éternité. Cet argument évoque à peu près celui d’un tortionnaire qui, après avoir coupé une main à sa victime, lui annoncerait qu’au point où elle en est, elle peut bien se laisser couper l’autre, et d’autant plus volontiers qu’elle n’avait besoin de ses mains que pour applaudir, et qu’il existe maintenant des machines pour ça. Que penserait-on de celui qui accepterait de discuter la chose “scientifiquement” ?”
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https://www.monde-diplomatique.fr/recherche?s=voiture
etc
a rouen les amis des enfichés de la zad suivent la même voie que leurs amis et l’assume…
https://rouendanslarue.net/gilets-jaunes-en-voiture-notes-sur-le-17-novembre/
“Il va falloir s’habituer à l’idée que mettre le nez dehors c’est toujours prendre le risque d’avoir de mauvaises fréquentations…”
c’est marrant quand de véritables petits bourgeois essaie de nous assimilés a des bobos… pareil le même que sur la zad…
Ce texte est bâti sur une approximation dommageable des événements injustement baptisés de Bonnets rouges par le maire de Carhaix et le patron des legumiers leonards, ces mêmes legumiers qui depuis 1961 et l’épisode de la prise de la sous préfecture de Morlaix sous la figure de leur porte parole Gourvennec, défraient régulièrement la chronique pour défendre leurs intérêts corporatistes. Rappelons l’agression des marins grévistes des Britanny ferries par un commando d’agriculteurs léonards il y a quelques années.
Donc le lâchage par les fédérations syndicales des galériens de lagro alimentaire breton signifie d’abord que les confédérations sont plus à l’écoute de la gauche gouvernementale- Hollande, Royal- que de quelques milliers de prolos d’une région périphérique méprisés par Paris [souvenons nous de l’isolement du mouvement guadeloupeen anti pwofitation] . Il faut relire la lettre ouverte du secrétaire CGT de la réparation navale de Brest contre la manoeuvre du bureaucrate regional verrouillant l’appel à manifester à Carhaix des fédération syndicales [rappelons le mot de Melanchon sur ces “esclaves” des abattoirs finisteriens qui découvraient l’action collective, mot très éclairant sur son jacobinisme de mitterandiste revendiqué] et des partis de gauche contre la mobilisation à la préfecture de Quimper, où les médias ont fait leur travail pour condamner définitivement dans les esprits ce mouvement décidément trop bordélique qui sentait tellement le vieux chouan anti français…. Bref les gilets jaunes ne sont pas chimiquement purs mais en étant anti centralistes de part le bordel qu’ils peuvent planter, la gauche et ses acolytes ne peut que les rejeter comme une forme venimeuse pour ses efforts d’encadrement des dynamiques sociales. Donc les désigner comme objectivement d’extrême droite pour ne pas entendre la remisé en cause sous jacente du verrouillage actuel du modele politique en place.
Après tout, février 1917 commence par une marche de protestation de femmes contre le rationnement du pain…
Il n’est pas étonnant de voir les décroissants [relire la condamnation des prolos finisteriens de lagro alimentaire dans le journal du même nom à l’époque ] monter au créneau dans une situation pareille. Oui le consensus autour de la vitesse relève de la servitude volontaire.
Mais le recyclage individuel et capillaire ne peut pas faire l’économie d’une catharsis collective apparemment erratique, où le caractère de masse rend crédible la prise en compte d’une finitude des ressources et d’un possible et indispensable changement de société. On ne vide pas la mer avec une cuillère. On ne peut pas abattre le capitalisme sans compter sur celles et ceux qui peuvent défaire ce monde, comme ils avaient commencé il y a 50 ans…
“… Un mouvement qui a pour ambition de jeter aux oubliettes la lutte des classes”. Défense collective croit vraiment que les bourgeois et les classés moyennes supérieures iront se faire chier dans les bouchons avec leurs caisses flambant neuves… Difficile à croire. Bien sûr cest pas les participants à la lutte contre la loi travail qui feront le gros des bouchons… Mais par chance il n’y a pas de Peppe Grillo à la française-pour le moment–et comme lors de Nuit debout – qui pouvait aussi déraper vers n’importe quoi dans certains bleds comme Beziers au hasard– va se poser la question des contenus politiques qui s’y exprimeront ou pas… Ce n’est pas comme avec les curés de la manif pour tous qui ont sciemment choisi l’angle d’attaque et le terrain . Oui rouler pollue mais la mobilité est une nécessité décisive qui de tout temps à structuré la société. Chevalier ce n’était pas la pietaille qui… Allait à pied ! Et aujourd’hui idem, le prolo roule en caisse quand le bourge prend l’avion.
La lutte des classes ne se manifeste que rarement clairement surtout quand elle est comme aujourd’hui face à un dispositif inédit de détournements, de captations, de dévoiement, mais il faut faire le pari du premier pas qui coûte le plus et aussi de la mise en cause du pouvoir macronien et de ses technos par la rue:changement d’ambiance garanti.
Les plus pauvres n’ont pas les moyens de se déplacer en bagnole.
l’analyse est intéressante mais est trop catégorique. C’est bien d’avoir une grille d’analyse mais il faut savoir aussi s’interroger plus finement avant de cracher sur tout ce qui bouge. Clair qu’à Rennes, les organisateurs ont l’air gratiné mais on ne peut pas passer à côté du fait qu’un tas de personnes veulent se mobiliser car la vie est trop chère…
Et puis aucun mot sur l’écologie quasiment, c’est chelou, la DC caricature le marxisme…
La def co’ a t elle entendu parler d’anti-politique ?
Vous Ânonnez les poncifs du MEDIA !
Ce mouvement ressemble à la Pool Tax qui avait fait tomber Thatcher et pas à un remake de Gérard Nicoud au pays des bisounours!!!
antipolitique et apolitique
Bon il est super cool ce texte ahaha Un an plus tard, quels commentaires des personnes qui l’ont écrit.e.s ? Nan parce que dire des grosses conneries arrivent à tout le monde et ca aurait été chouette de lire la défense collective rennaise le reconnaitre, à moins qu’iels considèrent toujours ce mouvement pourri?